Le plafonnement des prix est une méthode de tarification des transports publics selon laquelle les voyageurs ne paient pas pour des trajets supplémentaires au-delà d’un certain montant pendant une période préétablie. Par exemple, un système de plafonnement mensuel de 50 trajets signifie que les voyageurs ne paient que les 50 premiers trajets qu’ils effectuent au cours d’un mois, et que tous les trajets supplémentaires effectués après leur 50ème sont gratuits pour le reste du mois. Avec ce système, si vous avez pris le bus 55 fois, alors vous ne payerez pas pour les cinq derniers trajets!
Les agences de transport public, comme TransLink, la commission de transport de Toronto (TTC) et Metrolinx, des partenaires de MJ, se sont toutes globalement engagées à améliorer l’équité pour leurs usagers. Dans le cadre de cet engagement, elles examinent de nouvelles façons de structurer leurs tarifs de transport en commun pour s’assurer que ceux qui dépendent fortement des transports publics pour la plupart de leurs déplacements (c’est-à-dire les usagers qui utilisent les transports publics très fréquemment) ne soient pas accablés par leurs coûts.
Dans le cas de la commission de transport de Toronto, les usagers qui ‘valident’ par carte plus de 48 fois par mois leurs déplacements dans les bus, tramways ou le métro du réseau de la TTC pourront faire des économies grâce à un certain plan comme proposé dans un rapport de l’agence. Cela équivaut à environ 1,5 validation par jour dans le mois. Pour savoir si vous êtes concernés, vérifiez bien le nombre de trajets que vous validez par carte pour payer. Si votre moyenne est supérieure à 1,5 fois par jour, vous êtes susceptible d’en bénéficier. Si vous validez deux paiements par jour presque tous les jours, alors il y a de fortes chances qu’un plan de plafonnement de ce type, vous permette d’économiser de l’argent et vous évite de verser un paiement initial important.
L’enquête Rider Happiness Benchmarking (RHB) menée via l’application Transit, un partenaire de MJ, interroge les usagers sur ce que les agences pourraient faire pour augmenter la fréquentation dans les transports publics. En octobre 2021, ils ont demandé aux usagers s’ils seraient plus susceptibles d’utiliser le réseau, si leur agence remboursait « la différence si je dépense plus en un mois que si j’achetais un forfait mensuel illimité ». Étant donné que la question mentionne un « plafond » sur les tarifs liés à un forfait mensuel, il s’agit donc effectivement d’une question sur le plafonnement du prix des billets. La majorité des 9 000 répondants canadiens ont dit oui (56 %), par rapport à 54 % des 18 000 répondants américains. Dans les deux pays, les avantages présumés de cette politique tarifaire perçus par les répondants varient considérablement selon le revenu, comme le montre la figure 1. Sans surprise, les voyageurs à faibles revenus sont plus en faveur de cette politique que les voyageurs à revenus plus élevés.
Étant donné qu’un usager bénéficiera d’autant plus des avantages d’un plafonnement des tarifs s’il emprunte fréquemment les transports en commun, nous avançons l’hypothèse que les usagers utilisant plus fréquemment les transports publics seront plus favorables au plafonnement des prix. Le sondage de l’application Transit n’interrogeait pas les usagers sur la fréquence de leurs trajets en transport en commun en général, mais plutôt sur la fréquence de leurs déplacements quotidiens en transport en commun pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études (trajets pendulaires). Aux États-Unis, les personnes qui effectuent ces aller-retours quotidiens en transports publics cinq jours ou plus par semaine sont les plus favorables au plafonnement des tarifs (58 %), tandis que celles qui font un trajet pendulaire un jour ou moins par semaine y sont moins favorables (46 %). Ces résultats sont présentés dans la figure 2 ci-dessous. Le lien est moins évident au Canada — il n’y a pas de différence significative entre les usagers canadiens qui font un trajet domicile-travail deux jours par semaine en transports publics et ceux qui font un tel trajet cinq jours ou plus par semaine. Cela peut être dû à la précision de la question posée sur la fréquence des trajets domicile-travail plutôt que sur le nombre total de trajets effectués en transports en commun.
Enfin, nous avons examiné en quoi le soutien accordé à cette politique de plafonnement diffère entre les grandes villes du Canada. Nous présentons ces résultats dans la figure 3 ci-dessous. Les usagers de la TTC sont les plus favorables au plafonnement des prix (64 %), tandis que les usagers à Edmonton y sont le moins favorables (44 %). Nous ne pouvons que formuler des hypothèses pour expliquer ces différences. Le plafonnement des tarifs a été très médiatisé à Toronto, et il est donc possible que les usagers se sentant mieux informés soient plus enclins à soutenir ce changement. Cela peut aussi être dû aux différences structurelles des tarifications actuelles. À Toronto, un forfait mensuel coûte actuellement 146 $, alors qu’à Edmonton, il ne coûte que 100 $. Quoi qu’il en soit, le nombre d’usagers favorables au plafonnement des prix surpasse le nombre de ceux qui s’y opposent dans chacune des cinq grandes villes canadiennes.
En conclusion, nous constatons que les usagers des transports publics au Canada sont fortement favorables au plafonnement du prix des billets, mais également qu’une large partie d’entre eux, 24 %, sont incertains. Nous avons également constaté qu’un nombre significatif d’usagers qui pourraient probablement profiter du plafonnement des tarifs s’y opposent par principe. Des recherches plus poussées devraient permettre d’analyser les vues des usagers à l’égard des différentes structures tarifaires. Si les agences de transport décident d’appliquer le plafonnement tarifaire, il sera aussi essentiel d’éduquer les usagers des transports publics. N’hésitez pas à partager ce blog avec toute personne susceptible d’être intéressée par ce sujet et pour nous aider à relayer l’information.